Pourquoi je n’arrive pas à abandonner un livre (même quand je n’aime pas)

Jeune femme lisant un livre rouge avec un air sceptique, symbolisant le dilemme des lecteurs et lectrices qui n’arrivent pas à abandonner un roman malgré un manque d’intérêt.

Lire, c’est un plaisir… sauf quand ça devient un combat… Soyons honnêtes : il y a des livres qui ne passent pas. On s’y plonge avec les meilleures intentions du monde, on veut aimer, on s’accroche, mais… ça ne prend pas. L’histoire traîne, les personnages nous échappent, le style nous laisse de marbre. Et pourtant ? Moi, je n’abandonne (presque) jamais. Je vous vois venir : « Mais pourquoi tu t’infliges ça ? » La réponse est un mélange un peu chaotique de culpabilité littéraire, de respect de l’auteur.ice… et d’un espoir totalement irrationnel que ça va s’arranger à la page 243. (Spoiler : ça ne s’arrange pas toujours. Mais j’essaie quand même. Parce que je suis comme ça.)

Quand lire devient un duel : le grand dilemme

Tu ouvres un roman. Tu tournes les pages. Tu ne ressens… rien. Tu commences à zapper. À lire en diagonale. Mais quelque chose en toi insiste : tu DOIS finir ce livre.

Bienvenue dans le grand dilemme de la lectrice passionnée. Pour moi, abandonner un livre, c’est presque une trahison. Pas envers moi, mais envers celle ou celui qui l’a écrit. Parce que j’écris aussi. Et je sais à quel point c’est difficile. À quel point on y met de soi, même quand ça ne plaît pas à tout le monde. Du coup, même quand je bloque, je persiste. Je lis un chapitre d’un autre livre pour me remotiver. Je laisse le livre de côté quelques semaines. Puis je reviens. Parfois même des mois plus tard. Mais je le finis. Enfin… sauf Crash de J.G. Ballard. Lui, j’ai tenu 20 pages. J’ai déclaré forfait sans même culpabiliser. Comme quoi, tout le monde a ses limites.

Pourquoi on a tant de mal à abandonner un livre ?

Je ne suis pas seule, visiblement. En fouillant un peu sur le net, j’ai vu que beaucoup de lecteurs ressentent une forme de pression invisible. Comme si commencer un livre était un contrat moral.
📚 Tu l’as ouvert ? Tu dois le finir.
📚 Tu n’as pas aimé ? C’est peut-être toi le problème.
📚 Tu n’as pas compris ? Tu devrais insister.

C’est irrationnel, mais c’est là. Et ça se mélange à une éducation (souvent implicite) où on nous apprend que “quand on commence quelque chose, on va jusqu’au bout”. Même si ça râpe un peu l’âme.

La peur de rater quelque chose

Et puis, soyons honnêtes… On a peur de rater un retournement final incroyable. Peur de passer à côté de ce petit twist de dernière minute qui recontextualise tout. Peur de ne pas comprendre ce que les autres ont adoré. Alors on continue.
On se dit : “Non mais là, c’est moi. J’ai pas le bon mood. Je suis fatiguée. Je devrais peut-être relire les trois premiers chapitres. Ça va venir.” Parfois ça vient. Parfois non. Mais on reste là, à tourner les pages, les dents un peu serrées, parce qu’on espère.

Abandonner, c’est mal ? (spoiler : non)

En vrai ? Non. Ce n’est pas grave. Lire doit rester un plaisir. Un espace libre. Et s’il y a bien un endroit où on peut se permettre de dire “ça ne me parle pas”, c’est dans notre bibliothèque perso. On a le droit d’arrêter. De ne pas aimer. De passer à autre chose. Mais parfois, on confond abandon et échec. On se dit que si on n’accroche pas, c’est nous qui avons raté quelque chose. Que si tout le monde en parle, c’est forcément génial. Qu’on est peut-être un peu moins “légitime” comme lecteur.ice si on n’a pas su tenir jusqu’au bout.

Et ça… c’est un poison silencieux. Qui nous fait garder des livres trop longtemps, nous freine dans nos lectures, et nous prive de ce livre qu’on aurait peut-être adoré à la place.

Mon compromis perso : entre respect et instinct

Alors aujourd’hui, je fais la paix. Je continue à lire jusqu’au bout dans 99% des cas. Parce que je respecte l’effort. Parce que je suis curieuse. Parce que parfois, les derniers chapitres changent la donne (et ça m’est arrivé). Mais je m’autorise aussi à faire une pause. À lire autre chose à côté. À revenir plus tard. Ou pas. Et surtout, je ne me force plus autant qu’avant. Un livre, ce n’est pas une punition. C’est une rencontre. Et toutes les rencontres ne sont pas faites pour durer.

Et toi ? Tu abandonnes parfois un livre ?

Est-ce que tu t’autorises à ne pas finir un roman ? Ou est-ce que, comme moi, tu luttes jusqu’à la dernière page “au cas où” ? Tu te souviens du dernier livre que tu as laissé tomber ? Ou au contraire, de celui qui a fini par te surprendre après un début laborieux ? Raconte-moi en commentaire, ou viens m’en parler sur Insta.
On pourrait presque faire un club de soutien : “Lecteurs qui veulent aimer mais qui galèrent quand même”. (Je ramène les madeleines.)